Les lauréats polonais du Prix Nobel

Introduction

Le prix Nobel est une récompense de portée internationale. Remis pour la première fois en 1901, les prix sont décernés chaque année à des personnes « ayant apporté le plus grand bénéfice à l'humanité », par leurs inventions, découvertes et améliorations dans différents domaines de la connaissance, par l'œuvre littéraire la plus impressionnante, ou par leur travail en faveur de la paix, suivant ainsi les derniers vœux d'Alfred Nobel, inventeur de la dynamite.

Au XXIe siècle, les prix sont décernés au cours du mois d'octobre de chaque année. La cérémonie de remise des prix a lieu le 10 décembre, jour de l'anniversaire de la mort d'Alfred Nobel.

Un peu d’histoire...

À sa mort, le Suédois Alfred Nobel laisse un héritage de 31,5 millions de couronnes suédoises de l'époque. Cette fortune vient de son invention : la dynamite. Dans son dernier testament, rédigé le 27 novembre 1895 au Cercle suédois et norvégien de Paris, Alfred Nobel demande que soit créée une institution qui se chargera de récompenser chaque année des personnes qui auront rendu de grands services à l'humanité, permettant une amélioration ou un progrès considérable dans le domaine des savoirs et de la culture dans cinq disciplines différentes : paix ou diplomatie, littérature, chimie, physiologie ou médecine et physique.

Le testament précise que la nationalité des savants primés ne doit jouer aucun rôle dans l'attribution du prix. La fondation Nobel voit le jour le 29 juin 1900. C'est elle qui gère l'exécution des dernières volontés du testateur, contrôle le respect des règles dans la désignation des lauréats et vérifie le bon déroulement de leur élection. Elle est également chargée, par la voie d'un comité propre à chaque branche et selon les propositions de personnalités éminentes dans les cinq domaines, d'établir des listes préalables de nominations communiquées aux différentes instances qui attribuent le prix.

La première cérémonie pour attribuer le prix Nobel eut lieu, cinq ans après la mort de son fondateur, à Stockholm dans l'ancienne Académie royale suédoise de musique, le 10 décembre 1901.

Nous vous présentons ci-dessous les quinze lauréats polonais du Prix Nobel.

Marie Curie a été la première femme à avoir reçu le prix Nobel, et jusqu'à présent la seule femme à avoir reçu le prix Nobel à deux reprises.

Elle a également été la première femme admise à l'Académie de médecine de France.

Fille d'enseignants connus, c’est en 1891 que Maria Skłodowska quitta son pays natal pour étudier les mathématiques, la physique et la chimie à la Sorbonne, car l'enseignement supérieur pour les femmes n'était pas accessible en Russie à cette époque. En 1893, elle obtint un diplôme en physique et, l’année suivante, un diplôme en chimie. La même année, en 1894, elle ne fut pas admise à l'Université Jagellonne de Cracovie en raison de son sexe. C’est pourquoi elle décida de retourner à Paris pour poursuivre son doctorat. Elle rencontre alors un scientifique français, Pierre Curie, avec qui elle s’est mariée en 1895. Ce dernier a arrêté ses propres recherches sur les cristaux afin de rejoindre les travaux de sa femme sur la radioactivité.

En 1898, les Curie découvrirent deux nouveaux éléments radioactifs : le polonium (en référence à la Pologne, le pays natal de Marie) et le radium (en référence au mot rayon en latin), qui leur valurent le prix Nobel de physique en 1903. Pierre mourut en 1906, mais Marie poursuit leur travail en devenant la première femme professeure à la Sorbonne. En 1911, elle reçoit un deuxième prix Nobel, le prix Nobel de chimie pour, entre autres réalisations, l'isolement du radium pur.

Les travaux de Maria Skłodowska sur la radioactivité ont joué un rôle important dans le développement des rayons X et dans le traitement des tumeurs. Pendant la Première Guerre mondiale, Maria a contribué aux services radiologiques, en fournissant du matériel de radiographie aux ambulances. Elle est retournée en Pologne pour soutenir l'ouverture de l'Institut du radium, dont la directrice était sa sœur Bronislawa. L'Institut a ouvert ses portes en 1932 et Marie est décédée deux ans plus tard d'une leucémie, causée par les effets des radiations.

Henryk Sienkiewicz (1846-1916) est considéré comme l'écrivain polonais le plus remarquable de la seconde moitié du XIXe siècle. Il publie 10 romans entre 1884 et 1912, ainsi que plusieurs nouvelles, qui remportent un succès international.

À partir de 1883, il commença à s'intéresser davantage aux romans historiques qu'aux courts textes, ce qui aboutit à la publication de sa célèbre trilogie : Ogniem i mieczem (Par le fer et par le feu) en 1884,  Potop  (Le Déluge) en 1886 et Pan Wołodyjowski  (Colonel Wolodyjowski) en 1888.

En 1895, Sienkiewicz publia sa plus grande œuvre, Quo Vadis, un roman historique sur les persécutions chrétiennes à l'époque de Néron. Quo Vadis a été traduit dans au moins 40 langues, et les éditions en anglais comprennent un million d'exemplaires au total. Quo Vadis a été adapté en plusieurs films, dont une version italienne de 1913 considérée comme l'un des premiers blockbusters de l'histoire du cinéma. L'édition complète publiée entre 1948-55 comprend 60 tomes.

Il revient sur des sujets contemporains dans son dernier ouvrage W pustyni i w puszczy (Le Gouffre noir) publié en 1912.

Romancier et journaliste, c’est à l’âge de neuf ans que Władysław Reymont commença à écrire des poèmes, malgré son aversion pour l’école. A cette époque, il rêvait d'une vie libre et indépendante, pleine d'aventures et de voyages. Fin 1894, il s'installa à Varsovie et décide de vivre de sa plume. Lorsque sa situation matérielle s'est considérablement améliorée, il a beaucoup voyagé. Dans les années 1890, il visita Londres, Berlin, l'Italie et Paris, où il fit de précieuses connaissances littéraires, notamment Stanisław Przybyszewski ou Stefan Żeromski.

Entre 1903 et 1904, il publia la première version de Chłopi (Les Paysans). Mais, après l’avoir brûlé et réécrit, il divisa la seconde version en quatre volumes (1904-09). C'est pour cet ouvrage qu'il reçut le prix Nobel en 1924. Il écrivit ensuite une trilogie intitulée Rok 1794  (L'An 1794), publiée en 1913-18. Le dernier volume de cet ouvrage, Insurekcja (L’Insurrection), a été écrit à Varsovie après le déclenchement de la Première Guerre mondiale pendant l'occupation allemande. En 1922-23, il écrit sa dernière pièce, Bunt (La Révolte).

Reymont était très impliqué dans les activités sociales. Président de l'Union des écrivains et journalistes, il était également président de la Warszawska Kasa Przezorności et de l'Aide aux écrivains et journalistes. Il participa également à la création de la première coopérative cinématographique. Après la Grande Guerre, il partit pour les États-Unis afin de plaider pour la reconstruction de son pays en ruine.

En 1933, travaillant à Zurich en Suisse, Tadeusz Reichstein réussit à synthétiser la vitamine C (acide ascorbique) dans ce qu'on appelle aujourd'hui le procédé Reichstein.

Conjointement avec Edward Calvin Kendall et Philip Showalter Hench, il reçut le Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1950 pour leurs travaux sur les hormones du cortex surrénalien qui ont abouti à l'isolement de la cortisone. En 1951, lui et Kendall ont reçu conjointement le Prix Cameron pour la thérapeutique, décerné par l'Université d'Édimbourg.

Le principal procédé industriel de synthèse artificielle de la vitamine C porte toujours son nom. Reichstein était le lauréat du prix Nobel le plus ancien au moment de sa mort.

Endocrinologue polonais naturalisé américain, Andrzej (Andrew) Schally a développé un tout nouveau domaine de connaissances concernant le contrôle du cerveau sur la chimie du corps. Ses travaux portaient également sur les méthodes de contrôle des naissances et les hormones de croissance.

En 1977, il reçoit avec Roger Guillemin le Prix Nobel de médecine, pour leurs découvertes sur le système hormonal, plus particulièrement pour leur recherche sur le phénomène de sécrétion d'hormones dans l'hypothalamus du cerveau.

En 2004, il devient officier de la Légion d'honneur française.

En 1935, quatre ans avant l'invasion nazie, Isaac Bashevis Singer a émigré de Pologne aux États-Unis. Bien qu'il parlait couramment le polonais, l'anglais et l'hébreu, il considérait toujours le yiddish comme sa langue naturelle, langue dans laquelle il écrivait ses travaux.

Isaac Bashevis Singer nous transporte dans ses œuvres à travers l'identité juive. Le folklore et la tradition littéraire polonais figurent dans presque tous ses textes, tout en mettant en lumière les problèmes moraux religieux et philosophiques, ainsi que les conflits entre les cercles orthodoxes et les juifs assimilés. Il évoquait de manière colorée le monde inexistant des Juifs, en particulier les hassidim de l'est de la Pologne. Les chefs-d'œuvre de la littérature polonaise comprennent les nouvelles de Singer, caractérisées par des portraits de personnages narratifs.

Il s'intéressait également aux maîtres de la philosophie comme Spinoza et Schopenhauer. Dans ses œuvres, souvent par la voix de ses héros, il cite diverses théories philosophiques.

Membre du mouvement sioniste révisionniste dans les années 30, ses qualités de chef sont vite reconnues. En 1937, il prend la tête de la plus grande branche, celle de Pologne.

En septembre 1939, après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, Begin s'est échappé à Vilnius, où il a ensuite été arrêté par le NKVD et condamné à 8 ans dans les camps du goulag. Après sa libération en juillet 1941, Begin rejoignit l'armée polonaise libre d'Anders en tant qu'élève-officier caporal. Il a ensuite été envoyé en Palestine en mai 1942. À son arrivée en Palestine, Begin, comme de nombreux autres soldats juifs polonais de l'armée d'Anders, a dû choisir entre rester dans l'armée d'Anders, combattre l'Allemagne nazie en Europe, ou rester en Palestine pour lutter pour l'établissement d'un État juif.

Après la création de l'État d'Israël en 1948, sa carrière politique a commencé dans un nouveau pays. En 1973, il devient président de l'alliance Likud. En 1977, le Likud a remporté les élections à la Knesse, menant au traité de paix entre l’Égypte et Israël de 1979. Le traité de paix avec l'Égypte a été un tournant dans l'histoire du Moyen-Orient, car c'était la première fois qu'un État arabe reconnaissait la légitimité d'Israël.

Czesław Miłosz était diplomate, conférencier, et poète. En 1931, il co-fonde Zagary, un groupe littéraire polonais. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est resté à Varsovie occupée par les nazis et a travaillé pour la presse clandestine. En 1940, il aide les juifs de Varsovie à échapper aux nazis, ce qui lui vaudra le titre de Juste parmi les Nations. En 1950, il est transféré à Paris où il obtient l'asile politique et commence à travailler comme écrivain indépendant jusqu'en 1960. Durant son séjour en France, il publie plusieurs ouvrages, dont Zniewolony umysł (L'esprit captif) et Zdobycie władzy (La prise de pouvoir) pour lequel il a reçu le Prix littéraire européen. En 1960, Milosz commença à travailler comme professeur de littérature polonaise à l'Université de Californie à Berkeley.

Il ne s'est rendu de nouveau en Pologne qu'en 1981, date à laquelle son travail a commencé à être reconnu. En 1980, Milosz a reçu le prix Nobel de littérature, mais avant cela, il reçut plusieurs prix, dont le prix du PEN Club polonais pour les traductions de poésie (1974), une bourse Guggenheim (1976), le prix international de littérature Neustadt (1978) et la « Citation de Berkeley », l’équivalent d'un doctorat honorifique, en 1978.

Lauréat du prix Nobel de chimie, poète et dramaturge, Roald Hoffmann est un défenseur infatigable des merveilles de la science et de la beauté de la chimie.

Après avoir survécu à la guerre, Hoffman a émigré aux États-Unis en 1949 et a étudié la chimie aux universités Columbia et Harvard. Depuis 1965, il est à l'Université Cornell, maintenant en tant que professeur de lettres humaines. Il a reçu de nombreux honneurs, dont le prix Nobel de chimie en 1981, partagé avec Kenichi Fukui.

Les recherches et les intérêts de Hoffmann portent sur la structure électronique des molécules stables et instables, ainsi que sur l'étude des états de transition dans les réactions. Hoffman a développé des outils et des méthodes de calcul semi-empiriques et non empiriques tels que la méthode étendue de Hückel qu'il a proposée en 1963 pour déterminer les orbitales moléculaires.

Hoffmann partage avec succès sa compréhension de la science avec le grand public à travers la littérature, la télévision éducative et même la scène.

Lech Wałęsa est un symbole de la résistance à un régime communiste oppressif en Pologne ainsi que le premier président démocratiquement élu de la Pologne, en fonction de 1990 à 1995. Il a reçu le prix Nobel de la paix en 1983.

Alors qu'il travaillait au chantier naval de Lénine (aujourd'hui chantier naval de Gdańsk), Lech Wałęsa, électricien, est devenu un militant syndical mais a été finalement licencié en 1976. En août 1980, lors d’une manifestation massive dans le chantier naval, Wałęsa a symboliquement grimpé la clôture du chantier naval et rejoint les milliers de travailleurs à l'intérieur. Il a été élu à la tête du comité de grève qui a conduit à la légalisation du syndicalisme et à l'octroi d'une plus grande liberté d'expression religieuse et politique sur la base de l'Accord de Gdańsk d'août 1980. Il a co-fondé le syndicat Solidarność dont le nombre de membres s'élevait à plus de dix millions de personnes et fut le plus grand mouvement social de l'histoire de l'Europe.

Depuis 1980, Lech Wałęsa a reçu des centaines de prix, distinctions et récompenses, dont le Time Person of the Year en 1981 et le titre de l'une des 100 personnalités les plus importantes de Time du 20e siècle en 1999. Il a reçu plus de quarante diplômes honorifiques, dont ceux de l'Université Harvard et de l'Université Columbia.

La famille de Charpak a déménagé de Pologne à Paris quand il avait sept ans. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Charpak a servi dans la résistance et a été emprisonné par les autorités de Vichy en 1943. En 1944, il a été déporté au camp de concentration nazi de Dachau, où il est resté jusqu'à la libération du camp en 1945. Charpak est devenu citoyen français en 1946 et obtint son doctorat en 1955 au Collège de France. Il a été nommé membre de l'Académie française des sciences en 1985.

Charpak a construit la première chambre proportionnelle multifils en 1968, ce qui lui a valu le prix Nobel de physique en 1992. Contrairement aux détecteurs antérieurs, tels que la chambre à bulles, la chambre multifils enregistre jusqu'à un million de traces par seconde et envoie les données directement à un ordinateur pour analyse. La vitesse et la précision de la chambre multifils et de ses descendantes ont révolutionné la physique des hautes énergies. La chambre de Charpak voit son apogée dans des applications en médecine, en biologie et dans l'industrie.

Shimon Peres est né en Biélorussie. Pour échapper à la persécution des Juifs là-bas, la famille a fui en Palestine en 1934. Peres a étudié les sciences agricoles et a rejoint le parti du leader sioniste David Ben Gourion. Lorsque les forces arabes ont lancé leur attaque contre le nouvel État d'Israël en 1948, Peres s'est vu confier la responsabilité principale de sécuriser l'équipement militaire pour Israël de l'étranger. Plus tard, il a organisé le programme nucléaire d'Israël et est considéré comme le père de la bombe atomique d'Israël.

À l'hiver 1993, des négociations secrètes entre Palestiniens et Israéliens ont eu lieu dans la capitale norvégienne Oslo. Ces négociations ont abouti aux soi-disant accords d'Oslo, signés à Washington la même année. L'accord visait à réconcilier les deux peuples, Israël se retirant progressivement des territoires occupés et accordant aux Palestiniens l'autodétermination. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres, était alors en charge des négociations du côté israélien et, à l'automne 1994, il a partagé le Prix de la paix avec son propre Premier ministre Yitzhak Rabin et le dirigeant palestinien Yasser Arafat

Józef Rotblat est un scientifique distingué qui a remporté le prix Nobel de la Paix non pour ses recherches, mais pour l'arrêt de ses travaux. En effet, il a été le seul participant au projet Manhattan à se retirer pour des raisons éthiques. D’abord collaborateur du physicien nucléaire anglais James Chadwick, c’est en 1944 qu’il rejoint le laboratoire de Los Alamos aux États-Unis, où il développe le projet secret Manhattan Project, menant à la création d'une bombe atomique. Rotblat a été horrifié par les conséquences potentielles de la destruction nucléaire. Il est alors devenu l'un des principaux critiques des armes de destruction massive, soulignant qu'elles mettent en danger l'existence future de l'humanité. Avec Bertrand Russell, il fonde en 1957 un réseau international pacifiste de scientifiques travaillant pour le désarmement nucléaire : les Pugwash.

En 1995, à l'occasion du 50e anniversaire de l'attentat d'Hiroshima, lui et le mouvement Pugwash ont reçu le prix Nobel de la paix.

Wisława Szymborska a publié son tout premier poème Szukam słowa (Je cherche un mot) dans le journal Dziennik Polski en mars 1945. Elle était particulièrement impressionnée par l'œuvre et la personne de Czeslaw Milosz, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1980. En 1952, Szymborska a publié son premier livre de poésie Dlatego żyjemy (C'est pourquoi nous sommes tous vivants). En 1953, elle a commencé à travailler pour le magazine de critique littéraire Zycie Literackie, où elle a travaillé près de 30 ans.

La poésie de Wisława Szymborska essaie d'aborder les plus grands problèmes de l'existence humaine. Elle utilise un langage simple et personnel, très différent du langage contemporain. Bien que le lecteur puisse voir une influence politique dans son travail, Szymborska a préféré ne pas considérer son travail comme politique. Elle affirmait que ses poèmes parlaient davantage de la vie et des gens. Sa narration lyrique, son humour et son ambiguïté définissent ses chefs-d'œuvres tels que Nic dwa razy (Jamais deux fois).

Au cours de sa vie, Szymborska a publié plus de 30 livres de poésie en polonais, dont plus de 10 ont été traduits en anglais. Szymborska a reçu plusieurs prix, dont le prix Goethe (1991) et le prix Herder (1995), un doctorat honorifique de l'Université de Poznan (1995), le prix PEN Club polonais (1996) et enfin le prix Nobel de littérature en 1996.

Olga Tokarczuk a reçu le prix Nobel de littérature 2018 en décembre 2019, devenant ainsi la cinquième lauréate de langue polonaise. Pendant des décennies, elle a été l'auteur le plus vendu en Pologne. Tokarczuk a acquis une popularité internationale après être devenue le premier auteur polonais à remporter le Man Booker International Award en 2018 pour son ouvrage Bieguni (Les Pérégrins).

Aujourd’hui, Tokarczuk est considérée comme l'un des écrivains polonais les plus célèbres de l'histoire. Elle a reçu de nombreux prix et distinctions, et est une militante et une intellectuelle publique. Dans un pays à l'écoute conservatrice comme la Pologne, ses opinions sont souvent considérées comme controversées. Certaines organisations fondamentalistes l'ont accusée d'être anti-chrétienne, anti-polonaise et même de nuire à la réputation internationale du pays.

Elle vit actuellement à Wroclaw, ainsi qu'à Krajanow dans les Sudètes centrales. Les paysages et la culture de cette région apparaissent dans plusieurs de ses œuvres. Le ton unique et mythique est significatif dans les œuvres de Tokarczuk. Ses romans sont souvent déroutants et compliqués, car les lecteurs sont confrontés à de fréquents changements de siècles, de lieux, de perspectives et de mythologies.