Partez avec nous sur les traces historiques de la présence française à Cracovie.
Chers amis,
Vous souhaitez visiter Cracovie de façon originale ? Vous avez le mal du pays ? Que dites-vous d’aller à la rencontre du riche patrimoine de Cracovie sur les traces de la présence française ?
Les relations entre la France et la Pologne ont une histoire millénaire bien documentée. Cracovie, capitale historique de la Pologne, reste aujourd’hui le centre culturel et intellectuel du pays, et regorge de lieux et attractions historiques liés à la France et aux Français.
La première étape de notre itinéraire débute sur la Place du Marché de Cracovie (Rynek Główny), et plus précisement dans la Galerie d'art polonais du XIXe siècle, située au 1er étage de la Halle aux draps (Sukiennice). Vous pourrez y admirer les peintures de Piotr Michałowski, le plus grand peintre de la période romantique polonaise, qui a consacré de nombreuses œuvres à divers épisodes de l'époque napoléonienne. Son tableau le plus célèbre, intitulé « Charge dans les gorges de Somosierra » (Szarża w wąwozie Somosierra), représente une bataille glorieusement remportée grâce à la bravoure de la légion polonaise de l’armée Napoléonienne. Vous trouverez aussi dans la galerie un buste de Napoléon Bonaparte conçu par le même artiste.
La Halle au draps abrite, entre autres, la Galerie d'art polonais du XIXe siècle. Il s'agit de la branche la plus ancienne et le premier siège du Musée national de Cracovie établi en 1879. C'est l'une des plus grandes et des plus célèbres collections de peinture et de sculpture polonaises. Le célèbre tableau monumental « Les Torches de Néron » d’Henryk Siemiradzki (Pochodnie Nerona) est le point de départ de la collection. La visite s’ouvre sur des œuvres de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ensuite, les peintures et sculptures des artistes polonais les plus remarquables du XIXe siecle dont Jan Matejko, Piotr Michałowski, Artur Grottger, Henryk Siemiradzki, ou encore Jacek Malczewski sont présentées. Les œuvres d'artistes polonais, parfois vivant en exil, ne sont pas seulement des exemples de tendances artistiques caractéristiques de cette époque ou des épisodes de l’époque Napoléonienne, mais aussi un témoignage de l'indépendance des Polonais qui, lors des partitions, n'ont jamais accepté la perte d'une patrie libre.
Non loin du Rynek Głowny, au 19 de la rue Św. Jana, se trouve le Musée des Princes Czartoryski, premier musée au monde consacré à l'histoire de la Nation et exposant, entre autres, une collection de peintures de Jean-Pierre Norblin, peintre français ayant été parrainé par la famille royale Czartoryski. Il a passé près de 30 ans aux côtés de la famille royale en Pologne, documentant les coutumes et le caractère de l'époque.
En 1774, Jean-Pierre Norblin (1745-1830), peintre français, rend visite à la famille Czartoryski dans leur résidence en Pologne. Il occupe le poste de peintre de cour et professeur d'art aux enfants princiers. Deux ans plus tard, il épouse une Polonaise, Maria Tokarska, avec qui il a plusieurs enfants. Dans ses oeuvres, il illustre différents types de personnages polonais, leur donnant souvent un caractère comique, par exemple dans « Opasły szlachcic » et « Chudy szlachcic » (respectivement « Le noble gras » et « Le noble maigre »). Il a également peint des scènes représentant des scènes populaires avec « Zebranie chłopskie w karczmie » (« Rassemblement paysan dans l’auberge »), ou « Żydowscy muzykanci » (« Les musiciens juifs »). Il s’est ensuite penché sur des dessins de l'histoire polonaise, probablement réalisés pour le Prince Adam Czartoryski, connu pour ses intérêts historiques. Norblin est resté au service de la famille Czartoryski tout au long de sa présence de plus de trente ans en Pologne.
Le Musée des Princes Czartoryski, premier musée au monde à exposer l’histoire de la Nation à travers des expositions historiques, a été créé en 1801 par la duchesse Izabela Czartoryska. Il s'agit de l'un des premiers musées modernes et universellement accessibles en Europe, dont la mission est de collecter, outre les vestiges historiques, des œuvres d'art et des objets liés à la culture polonaise. La collection du musée, qui vient de rouvrir fin 2019 après une longue rénovation de presque 10 ans, est la plus précieuse de Pologne et l'une des collections les plus précieuses d'Europe. Aujourd'hui, elle compte 336 000 pièces dont 86 000 objets tels que des peintures dont le chef d’oeuvre « La Dame à l'hermine » de Léonard de Vinci, ainsi que des sculptures, des dessins, des objets du quotidien, des sarcophages, des momies, des reliques, des armes, des pièces de monnaie et des souvenirs de héros célèbres d'époques révolues. Il contient également 250 000 manuscrits et documents de valeur.
La France et la Pologne sont bien plus liées qu’on ne le pense. Les deux nations se sont également retrouvées en la personne d’un des artistes polonais les plus remarquables de l'après-guerre : Józef Czapski, célèbre émigré polonais en France.
Dans le pavillon Józef Czapski, département du Musée national de Cracovie, vous pourrez visiter la chambre du célèbre peintre et écrivain reconstituée à la perfection.
Le palais Czapski, datant du XIXe siècle, abrite un centre d'exposition, de recherche et d'enseignement consacré à la numismatique, la science qui traite de la description et de l'histoire des monnaies, médailles, jetons et méreaux. Le palais abrite plus de 2 500 pièces de monnaie, médailles et billets de banque de valeur. L'histoire du musée est liée à la figure du grand-père de Józef Czapski, le comte Emeryk Hutten-Czapski. Il est connu comme étant le créateur de la plus précieuse collection de numismatique polonaise de l'histoire.
En 2016, à l'occasion du 120e anniversaire de la naissance de Józef Czapski, à côté du musée de son grand-père, a été inauguré le pavillon Józef Czapski. L'exposition permanente retrace le destin de Józef Czapski depuis sa naissance jusqu'à sa mort en 1993 au siège de l'Institut littéraire de Maisons-Laffitte. La chambre du peintre, normalement située à Maisons-Laffitte, mais fidèlement reconstituée, fait également partie intégrante du pavillon. Les fenêtres et les portes sont d'origine, ainsi que les étagères et armoires. La plupart des objets sont des originaux. Vous verrez, entre autres, le chevalet du peintre qui porte encore des traces de peinture de l’époque ! Enfin, la chambre contient le fauteuil sur lequel Adam Mickiewicz, lui-même, s’est assis.
« Kultura » est la plus importante revue littéraire et politique de la dissidence polonaise après la Seconde Guerre mondiale, fondée en 1946 par Jerzy Giedroyć, Józef Czapski, Zofia Hertz et Zygmunt Herz. En 1947, l’Institut s’installe à Maisons-Laffitte, près de Paris. Les articles de Józef Czapski pouvaient être lus dans les périodiques français Le Figaro ou Gavroche. L’institut « Kultura » s'est vite transformé en véritable centre intellectuel dont l'ambition était de combattre le totalitarisme par la littérature, l'écriture, la production et la diffusion d’idées nouvelles. Il servait d’asile et de lieu de rencontre pour les intellectuels polonais. Aujourd’hui, le site de Maisons-Laffitte continue l’important travail de numérisation des archives de « Kultura » qui, en 2009, ont été inscrites au Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO.
Vous trouverez des traces françaises aussi à proximité de Błonia, la plus grande étendue verte urbaine d’Europe Centrale.
L’étendue verte est longée par une avenue commémorative du Maréchal Ferdinand Foch, l'un des commandants de l'armée française pendant la Première Guerre mondiale. Ses contributions à la victoire et à la reconquête de l'indépendance de la Pologne lui ont valu de nombreux honneurs et décorations, dont la médaille Virtuti Militari, que Józef Piłsudski lui a remis personnellement. L’Ordre de guerre de Virtuti Militari est la plus ancienne et la plus haute décoration militaire polonaise pour l'héroïsme et le courage face à l'ennemi en guerre. En 1923, Ferdinand Foch reçoit egalement la distinction de chevalier de l’Ordre de l’Aigle Blanc, l'ordre le plus élevé de Pologne décerné aux civils et aux militaires pour leurs mérites. C'est l'une des plus anciennes distinctions au monde encore en usage. La même année, il succède à Piłsudski comme Maréchal de Pologne (« Marszałek Polski »). Le maréchalat de Pologne est la plus haute distinction militaire polonaise et donc le plus haut rang de l'armée polonaise. Il n'a été accordé qu'à seulement six officiers, dont le maréchal Foch.
Le Błonia est un parc urbain qui se présente sous la forme d'une vaste prairie d’une superficie de 48 hectares dans le quartier Półwieś Zwierzyniecki, à 10 mn à pied du centre historique. Il s’agit d’un lieu de prédilection pour les promenades et les activites sportives des habitants de Cracovie.
Le Błonia était utilisé comme pâturage pendant plusieurs siècles, jusqu'en 1965, lorsque l'hôtel Cracovia ouvrit ses portes et que les vaches en pâturage furent interdites. De nos jours, c'est un lieu populaire ou sont organisés par exemple des festivals. C’est d’ici que vous aurez une très belle vue sur la forêt « Las Wolski », le tertre de Kościuszko, le rocher Józef Piłsudski et la pierre papale, commémorant ainsi les illustres polonais. Lors des pèlerinages des papes Jean-Paul II et Benoît XVI, le Błonia a accueilli des messes fréquentées par plusieurs centaines de milliers de fidèles (environ 2,5 millions de fidèles lors du pèlerinage de Jean Paul II en 2002).
Tout le monde à Cracovie connaît la Willa Decjusza et le quartier de Wola Justowska, mais d’où vient son nom ? Son origine prend source en la personne de Just Louis Decius (1485-1545), originaire d'Alsace. Figure très influente à Cracovie, il était secrétaire et conseiller du roi Sigismond Ier de Pologne. Arrivé à Cracovie, alors capitale de Pologne, en 1508, Just jouissait déjà du respect et de l'amitié des plus éminents humanistes d'Europe, dont Erasme de Rotterdam, Martin Luther ou encore la Cour des Habsbourg. Il institua une union monétaire entre la République polono-lituanienne et la Prusse royale. Le roi Sigismond lui confia même la direction de la Monnaie royale à Toruń (Thorn).
L’origine de la villa remonte à l'époque où Just Louis Decius acheta des terres à l'ouest de Cracovie, dans le village de Wola Chełmska en 1528 et où, avec l'aide d'architectes italiens, il construisit une villa de type Renaissance. Celle-ci fut achevée en 1535 et devint le lieu de rencontre de nombreuses personnalités de son temps. L’histoire de la villa s'est mêlée à l'histoire de la Pologne et des grandes familles, faisant de ce lieu un témoin d'événements grandioses et de transformations historiques. Au fil des siècles, la Villa Decius connut des périodes de triomphe et de gloire, mais elle a également été endommagée et oubliée. Cependant, elle n'a jamais perdu l'intention originelle d'être un lieu d'échanges, un havre de tolérance et de liberté. Depuis 1996, la Villa Decius est à nouveau ouverte aux visiteurs. Grâce aux efforts de la municipalité de Cracovie, le lieu a retrouvé sa splendeur d'antan.
Aujourd'hui, la villa est le siège de l'association « Stowarzyszenie Willa Decjusza », qui organise de nombreuses rencontres, conférences et événements culturels. L’association promeut l'échange d'idées, la tolérance, le dialogue entre les cultures et le pluralisme des opinions ou des religions. Elle accorde une attention particulière aux droits et à la culture des minorités nationales et ethniques. Tous les programmes de l'association sont basés sur l'idée de réunions de représentants de divers domaines scientifiques et culturels et de domaines d'intérêt. Depuis 2007, l'association Villa Decius a le statut d'association d'utilité publique.
Début 2019, une nouvelle institution municipale a été créée dans l'enceinte de la villa : l'Institut de la Culture Villa Decius. L'Institut offre un espace multidimensionnel favorisant l'intégration et le développement des habitants de Cracovie par l'échange international, soutenant l'ouverture et la créativité.
Dans le parc Planty, à proximité de la colline de Wawel, vous trouverez un modeste buste érigé en 1980 commémorant Tadeusz Boy-Żeleński, traducteur hors pair de la littérature française et auteur de nombreux textes sur la culture française.
Certains voient en lui un excellent écrivain, et d'autres se souviennent de sa participation à la vie artistique de Cracovie au début du 20ème siècle. Aujourd'hui, il est difficile d'imaginer les œuvres de Balzac, Proust ou Stendhal dans une autre traduction que celle de Tadeusz Boy-Żeleński.
Tadeusz Boy-Żeleński est né en 1874 à Varsovie. Il était écrivain, critique, satiriste, journaliste et traducteur de littérature française. C'est lors de son premier séjour à Paris qu’il tombe amoureux de la culture française, absorbé par les satiriques des Lumières, la comédie classique de Molière et le roman réaliste du XIXe siècle. De retour en Pologne, il commença par traduire des œuvres d’écrivains dont les idées lui étaient proches : Molière et Balzac. Pour cela, il reçut d’ailleurs en 1914 la distinction des Palmes de l'Académie française. Pendant la Première Guerre mondiale, tout en travaillant comme médecin militaire, il créa sa propre bibliothèque de traduction. Selon les critiques, le génie de ce traducteur était qu'il pouvait transmettre le sens d’une l'œuvre non seulement à travers le contenu, mais aussi le rythme, la mélodie et l'ordre des phrases. On l'appelait « le Shakespeare de la traduction ».
Tadeusz fut tragiquement abattu lors de la purge nazie de l'intelligentsia de Lviv dans la nuit du 3 au 4 juillet 1941. À ce jour, Tadeusz Boy-Żeleński reste un écrivain lu et populaire, adoré et détesté pour son audace.
La France à Cracovie se retrouve aussi dans le symbole le plus emblématique de Pologne, le Château de Wawel, résidence historique des souverains de Pologne.
Avant de monter sur le trône de France, Henri de Valois a été élu roi de Pologne et Grand-duc de Lituanie de 1573 à 1574. Comment est-ce possible ? Après la mort du dernier roi de la dynastie Jagellon, le principe de la monarchie élective a été mis en place. Les rois polonais devaient donc être élus par l’ensemble des membres de la noblesse. Les princes étrangers pouvaient aussi se présenter à l’élection. C’est ainsi que le 11 mai 1573, Henri de Valois fut élu roi sous le nom d’Henryk Walezy. En tant que roi, il résidait donc au Château du Wawel. Son élection s’accompagna cependant de chocs culturels. Les mœurs du roi et son style vestimentaire, comme par exemple ses boucles d’oreilles, paraissaient extravagants aux yeux des Polonais. Le nouveau roi, de son côté, était terrifié par le climat rigoureux de son nouveau royaume dont il ne connaissait pas la langue.
L’élection d’Henri de Valois au trône de Pologne est reconnue comme fondamentale dans les relations entre les deux royaumes. Avant 1573, la Pologne est très peu connue en France. Avec l’élection d’Henri de Valois apparaissent en France plusieurs descriptions de la Pologne, suscitant un intérêt croissant pour ce pays.
La reine Jadwiga, issue de la dynastie française d'Anjou, résida également sur la colline de Wawel. Il convient également de mentionner deux françaises devenues reines de Pologne : Ludwika Maria Gonzaga qui a épousé Władysław IV Vasa, et après sa mort, son frère Jan Kazimierz. Dans sa suite, une jeune dame de la cour française, Maria Kazimiera d'Arquien, venue en Pologne, a charmé le futur roi Jan III Sobieski. Il en résulta un mariage d'amour, rare à l'époque.
Le Château Royal de Wawel fut le siège des rois polonais jusqu'en 1609, et la Cathédrale de Wawel, le lieu de couronnement et d'enterrement des souverains.
La visite des intérieurs du Château permet d'imaginer les détails de l'ancienne vie des monarques. Les appartements royaux abritent une exposition faisant référence au caractère et aux ameublements anciens des monarques. Les tapisseries de la collection de Sigismond II Auguste représentent le plus grand ensemble de tapisseries au monde commandé par un souverain. Les salles royales du deuxième étage, où se déroulaient les événements officiels, reflètent l'âge d'or de la culture polonaise. Vous pouvez également développer vos intérêts militaires en visitant l'exposition dédiée à la trésorerie et l’armurerie. L’objet le plus precieux est le « Szczerbiec », l'épée du couronnement des rois polonais.
Général de division des forces armées françaises, membre de la Commission des affaires polonaises à la Conférence de la paix à Paris, président de la Commission interministérielle de gouvernement et de plébiscite en Haute-Silésie (1920 - 1922) pendant le plébiscite et la troisième insurrection silésienne, jusqu'au partage du territoire plébiscité entre la Pologne et l'Allemagne, Henri Louis Edouard Le Rond (1864 - 1949) fut avec son épouse l'un des donateurs, en 1923, pour la restauration de la colline du Wawel. Ce fait est commémoré par la présence d'une brique à son nom sur le mur situé à l'entrée nord du château.
Notre itinéraire, intitulé La France à Cracovie, nous amènent également à l'église de garnison historique Św. Agnieszka, de style baroque. Elle se situe au 30 de la rue Dietla, dans le quartier de Stradom. Érigée dans les années 1660-1680, sa crypte abrite dans un sarcophage de marbre noir les cendres du général Józef Haller, le fondateur des troupes polonaises en France pendant la Première Guerre mondiale.
La Première Guerre mondiale suscite, chez de nombreux polonais jusqu’alors immigrés, l’espoir de voir leur pays recouvrer l’indépendance. Pour la première fois dans l’histoire, les trois pays se partageant les territoires polonais sont en guerre. En 1917, sur décret du président de la République française, Raymond Poincaré, une armée polonaise est créée en France par le général Józef Haller. Elle comptera jusqu’à 68 000 hommes vêtus d’uniformes bleus horizon de l’armée française, d’où son nom : l’Armée bleue (« Błękitna Armia »). Formée de volontaires polonais (dont 22 000 immigrés polonais des États-Unis et 300 Polonais du Brésil), elle combat l'armée allemande dans les Vosges et en Champagne. En tout, et ce jusqu'à la fin de la Grande Guerre, l'Armée bleue compta 100 000 hommes dans ses rangs. Józef Haller recevra en 1922 la Croix de Guerre, décoration militaire française attribuée pour sa conduite exceptionnelle au cours de la Première Guerre mondiale.
Le Centre de documentation sur l'art de Tadeusz Kantor rappelle la figure et les réalisations de l'un des artistes polonais les plus importants après 1945. Il est egalement l'un des rares artistes polonais dont le nom est un symbole de l'art d'avant-garde en France.
L’artiste polonais Tadeusz Kantor (1915-1990) aura fortement marqué son temps. Il s’agit d'un des realisateurs les plus marquants du théâtre polonais. Metteur en scène, il était aussi peintre, graphiste, auteur de manifestes artistiques, animateur de vie culturelle, fondateur du Théâtre Cricot 2 à Cracovie et maître de conférence à l'académie des Beaux-Arts. Son lien avec la France était très marquant, il visita Paris de nombreuses fois. En novembre 1946, Tadeusz Kantor participa à l'Exposition internationale d'art contemporain au Musée d'Art Moderne de Paris. C'était dans la capitale française qu’il se faisait le relais en Pologne de la vie culturelle française. Paris lui permettait d'appréhender son parcours artistique spécifique en marge de la mode. Il trouva dans le dadaïsme de Marcel Duchamp et dans le surréalisme d’André Breton les premiers axes de son chemin artistique. En 1985, on lui attribua la légion d’honneur et en 1989, il fut décoré au grade de commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres pour sa contribution au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde.
La conception du bâtiment du musée Tadeusz Kantor et du siège du Centre de documentation de l'art de Tadeusz Kantor « Cricoteka » à Cracovie est particulière et audacieuse. Les architectes Agnieszka Szultk, Stanisław Deńko et Piotr Nawara voulaient contraster le nouveau avec l’ancien en superposant un nouveau bâtiment moderne au-dessus de bâtiments historique existants. La structure crée donc un accent spatial distinct dans cette partie de la ville. C'est ainsi que les créateurs ont interprété la pensée de Tadeusz Kantor selon laquelle il faut un conflit pour libérer la créativité.
A l'intérieur du bâtiment, vous trouverez une exposition permanente sur l'œuvre de Kantor, un complexe de salles de théâtre et de conférence, une salle de lecture, une bibliothèque, de la documentation sur les arts visuels et un centre de conservation d'art contemporain.
Dans la forêt de Borkowski, au sud de Cracovie, vous reconnaîtrez l'obélisque commémorant le Stalag 369, le camp de concentration pour les prisonniers de guerre à Cracovie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Parmi les prisonniers se trouvaient majoritairement des soldats et sous-officiers des armées française, belge et néerlandaise. Durant son existence, il a vu passer environ 17 000 personnes. Le plus grand groupe de prisonniers était celui des sous-officiers de l'armée française.
Ouvert le 5 juin 1942, il était destiné aux sous-officiers prisonniers de guerre réfractaires au travail. Malgré la famine des détenus et les conditions de vie désastreuses, les prisonniers étaient autorisés à pratiquer des activités sportives, culturelles et même éducatives. Des théâtres et des réunions de discussion étaient aussi organisés dans le camp. A partir de 1943, les détenus pouvaient entretenir une correspondance avec leur famille et recevaient du café ou du chocolat du Comité international de la Croix-Rouge. Dans chaque bloc, des représentants étaient élus auprès de l'administration du camp. Ils avaient aussi le droit de choisir une personne qui quitterait le camp une fois par mois pour faire des courses à Cracovie.
Les expériences du camp ont été consignées dans un livre de l'un des détenus, Francis Ambrière, intitulé « Les longues vacances 1939-1945 », pour lequel il a reçu le prix français Goncourt de littérature. En 1971, ce livre a également été publié en Pologne. Un autre prisonnier français, Jean Morin, a documenté la vie quotidienne du camp à travers des dessins. L'histoire méconnue du sort des camps des Français et des Belges à Cracovie est décrite dans le livre Stalag 369 (2006) de Jan Harasymowicz, qui fut l'un des organisateurs de l'aide aux prisonniers de guerre.
A Cracovie, et toujours le long de notre itinéraire La France à Cracovie, vous pouvez entrer dans le monde fascinant des avions dans le décor de l'un des plus anciens aéroports permanents d'Europe. Depuis 2015, un objet unique est présentée dans l’exposition du Musée de l'aviation polonaise à Cracovie : le modèle du chasseur francais Caudron CR.714C1. Ces avions étaient utilisés lors des batailles françaises en 1940, et seuls les pilotes polonais les pilotaient. Pour la petite histoire, les gouvernements français et britannique décidèrent de venir en aide à la Finlande attaquée par l'URSS, et le gouvernement polonais en exil s'adjoignit à eux. La création d'un groupe de chasse polonais fut décidée à cette occasion, « Le groupe de Chasse Polonaise de Varsovie », composé de deux escadrilles et dotées du fameux chasseur francais Caudron C.714C1.
Créé en 1963, le Musée de l'aviation polonaise de Cracovie protège et présente le patrimoine aéronautique polonais et mondial. C'est l'un des plus grands musées européens de ce type. La collection comprend plus de 240 avions, planeurs, hélicoptères, ainsi que plus de 140 moteurs d'avion et ensembles de fusées. Les expositions permanentes, présentées en partie dans des hangars, couvrent les avions de la période des pionniers et de la Première Guerre mondiale, et de l'entre-deux-guerres à la fin du XXe siècle. Le musée possède également une vaste bibliothèque et des collections d'archives, source inestimable pour la recherche sur l'histoire de l'aviation polonaise.
Actuellement, le musée travaille à la construction d'un parc culturel de l'aviation unique au monde, qui combinera les fonctions muséales et récréatives, devenant un lieu de rencontre pour les adeptes de la culture de l'aviation.
Découvrez avec nous ci-dessous les lieux contemporains en lien avec la France et/ou les Français de Cracovie (liste non exhaustive).
Crédits photos : Muzeum Narodowe w Krakowie, Willa Decjusza, Muzeum Lotnictwa Polskiego w Krakowie, ZaKładka Bistro de Cracovie, Cracovia Boutique Apartments, Le Szapo Hat Shop, Wikipedia, Julien Hallier, Destination Pologne × Adobe Stock
Source : Vive la Cracovie – Francja w Krakowie [Kraków Travel]
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